Ce blog sert de journal à notre collectif citoyen créé à Argentan (Orne) par des cheminots et des usagers pour la défense du service public ferroviaire dans le sud Normandie. Il rend compte des déclarations, des actions de ce collectif auprès de la population et des élus. Il présente aussi des réflexions pour la défense du service public.
27 Avril 2020
Couverture de la brochure publiée avec Convergence Nationale Rail : Préservons la planète, réinventons le service public ferroviaire
Alors que le monde se débat dans une crise sanitaire qui se double d'une crise économique et sociale, les transports sont un enjeu majeur dans les réponses qui devront être données pour répondre à l'urgence climatique.
En effet le transport est le principal émetteur de gaz à effet de serre. Au niveau européen, ce sont 25% de ces émissions qui lui sont imputables dont 70% au transport routier. Pour la France, le graphique ci-dessous montre la façon dont se répartissent ces émissions.
A première vue, le transport aérien pourrait donc paraître relativement vertueux avec un taux de 3,5%. Or dans ce chiffre seules les circulations intérieures (outre-mer compris) sont comptabilisées.
Mais ce chiffre sous-estime l'impact réel du transport aérien sur le climat, selon Aurélien Bigo dans un article de blog du site ecoco2.com
https://www.ecoco2.com/blog/limpact-reel-du-transport-aerien-sur-le-climat/
Dans la brochure éditée par Convergence Nationale Rail, le point est fait sur la réalité de cet impact du transport aérien sur le climat.
Face à leurs détracteurs, les compagnies aériennes verdissent leurs arguments en évoquant le fait qu'elles emploient de plus en plus du "biocarburant".
Or, il s'agit là d'un faux argument. En effet, le biocarburant ou agrocarburant est issu de la transformation de l'huile de palme produit par les palmiers après déforestation. Cette déforestation, comme l'ont établi nombre de scientifiques est l'une des causes des pandémies qui se multiplient depuis plusieurs décennies. Par ailleurs, l'ONG TransportEnvironnement.org souligne que l'huile de palme serait 3 fois plus émettrice que les carburants pétroliers.
On table aujourd'hui sur une nouvelle génération de ce type de carburant. Mais selon un rapport de la DIREN/ADEME, pour remplacer l’intégralité du pétrole utilisé dans les transports, il faudrait consacrer 66 % du territoire français à la culture du colza, ou 86 % du territoire à la culture du tournesol.
L'ONG Greenpeace a dernièrement fait le point sur d'autres aspects de cette question.
Un avion émet 40 fois plus de CO2 qu'un TGV alors qu'il transporte 3 fois moins de voyageurs
Avant la crise sanitaire, le transport aérien était déjà l'objet des inquiétudes concernant ses émissions de gaz à effet de serre par l'extension du mouvement "flyskam" (la honte de prendre l'avion).
L'enjeu est de taille, les compagnies craignant de perdre les avantages fiscaux dont elles bénéficient.
QUELLE EST LA RÉPONSE A CE JOUR (avril 2020) DU GOUVERNEMENT FACE A LA DEMANDE QUI S'EXPRIME DE PRÉSERVER LA PLANÈTE
par des modes de transports plus vertueux notamment le ferroviaire ?
Elle a été ces derniers jours d'accorder des prêts à Air France de 7 Milliards d'€ pour sauver cette compagnie dont l'Etat est actionnaire à 14,3%.
Parallèlement, Air France-KLM se voit attribuer 3 Milliards d'€ par son actionnaire Néerlandais.
7 milliards qui pourrait être investis dans les nécessaires investissements de des infrastructures ferroviaires dont, selon les propos du secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebarri il faudra revoir le calendrier plus tard du fait ... de la crise.
Et de fait, les annonces de reprise de vols intérieurs ne se sont pas fait attendre.
DES PROPOSITIONS EXISTENT POUR UNE RELANCE DU FERROVIAIRE
Reste à l'ordre du jour cette proposition de loi.
"En France, le trafic intérieur a cru de 4 %. Faut-il se réjouir de cette croissance ? et de son coût écologique ? Nous proposons de mettre fin aux vols courts lorsqu’il existe une substitution possible, évidente, par le train."
Proposition de loi visant à limiter le trafic aérien substituable en train, présentée en mai 2019 dans le cadre des débats sur la LOM (Loi d'Orientation des Mobilités) par le député François Ruffin
co-signée par les députés Dominique Potier (SOC), Delphine Batho (NI), Sébastien Nadot (LREM), Sébastien Jumel (GDR), Muriel Ressiguier, Caroline Fiat, Bastien Lachaud, Sabine Rubin, Mathilde Panot, Alexis Corbière, Danièle OBONO, Jean-Hugues Ratenon, Benedicte Taurine, Loïc Prud'homme (LFI)
Texte :
LE FINANCEMENT POUR UNE AUTRE POLITIQUE DE TRANSPORTS AU SERVICE DES POPULATIONS ET DE L'ENVIRONNEMENT