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Ce blog sert de journal à notre collectif citoyen créé à Argentan (Orne) par des cheminots et des usagers pour la défense du service public ferroviaire dans le sud Normandie. Il rend compte des déclarations, des actions de ce collectif auprès de la population et des élus. Il présente aussi des réflexions pour la défense du service public.

29 avril 2022 : Réunion du Conseil d'Administration du Collectif

29 avril 2022 : Réunion du Conseil d'Administration du Collectif

INTRODUCTION ET PERSPECTIVES D'ACTION

Le dernier rapport du GIEC est alarmant. D’après les experts, le pic des émissions doit être atteint au plus tard en 2025, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Malheureusement, cet objectif est inatteignable avec les engagements actuels. Selon l’ONU, si aucun effort n’est fait, nous nous dirigeons tout droit vers un réchauffement catastrophique» de +2,7 °C. Ainsi, les signataires de l’Accord de Paris doivent prendre de nouvelles dispositions d'ici à la COP27 qui aura lieu en novembre prochain.

Pour inverser la tendance, les experts du GIEC ne voient pas d’autre solution que d’agir directement sur nos modes de vie, nos habitudes de consommation et de production.

Ainsi, les secteurs les plus énergivores (énergie, transport, industrie, agriculture…) et les «individus au statut socio-économique élevé », sont principalement concernés. En 2019, les émissions de CO2 étaient 12 % plus élevées qu’en 2010. Le processus s’accélère.

La planète s’est déjà réchauffée de +1,1 °C et le seuil de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle sera atteint autour de 2030. Par ailleurs, l’évolution physique du climat donne lieu à des événements climatiques de plus en plus violents (sécheresse, tempêtes, etc.)

La moitié de l’humanité (3,3 à 3,6 milliards de personnes) est considérée comme vulnérable à cause du climat. Le réchauffement est la cause d’extinction de certaines espèces, de l’augmentation des maladies transmises par les moustiques, mais aussi de faibles récoltes. A l’horizon 2050, un milliard de personnes pourraient vivre dans des zones côtières à risques.

Le secteur des transports représente 15 % des émissions mondiales et il est le premier émetteur en France. Un changement de stratégie permettrait des mesures d’atténuation pour améliorer la qualité de l’air et la santé des citoyens.

D’après les conclusions du rapport, les financements pour la décennie 2020 devraient être « 3 à 6 fois plus importants que les niveaux actuels ». En effet, une grande majorité des financements privés et publics sont encore à destination des énergies fossiles. 

Comme on peut le constater, la politique suivie en France ne prend pas le chemin du cercle vertueux qui peut nous éviter d’aller vers la catastrophe climatique et ses conséquences désastreuses.

Plus près de nous, la volonté de Mr Morin de faire des économies sur le transport ferroviaire en supprimant des trains sur les axes Paris-Rouen-le Havre et Paris-Caen-Cherbourg en dit long sur son incapacité à prendre en compte l’ensemble des enjeux du climat. S’il y a verdissement de sa politique, elle ne s’inscrit que dans de fausses bonnes solutions comme l’huile de colza pour les Régiolis, le financement de voitures électriques et le développement d’une filière hydrogène, grosse consommatrice d’électricité sans parler de la méthanisation qui entraine un dévoiement de l’agriculture en utilisant les surfaces cultivables pour alimenter les digesteurs.

Dans le domaine des transports, il persiste à vouloir développer de nouveaux axes routiers comme le contournement de Rouen. Cela pour répondre au lobby du tout routier quand, au même moment, les installations ferroviaires sur Sotteville, Rouen, le Havre et Mézidon sont carrément laissées à l’abandon.

Cette situation est le résultat des politiques conduites sous tous les derniers gouvernements depuis plus de 20 ans et en particulier sous la houlette de Guillaume Pépy qui fut le grand ordonnateur de la casse du service public.

L’activité ferroviaire représente un tout, et le gouvernement Macron en créant la loi sur les mobilités avec la casse de l’entreprise publique SNCF en 5 sociétés anonymes pour répondre aux exigences européennes de la concurrence libre et non faussée, ne fait qu’accroitre le déclin du rail et contrarie les possibilités d’une relance nationale de toutes les activités ferroviaires.

L’ouverture à la concurrence conduit à un repli sur les seules activités rentables et fragilise l’ensemble des petites lignes qui de plus en plus sont à la charge des Régions, en application du rapport Philizot. D’ailleurs les financements de l’Etat s’orientent essentiellement sur les lignes principales et pour le reste le choix des régions se fait en fonction de leur intérêt pour le rail et surtout en fonction de leur capacité de financement. Menace à terme pour les lignes à dessertes fines. D’ailleurs Mr Morin avait anticipé cette démarche en voulant remplacer une grande majorité de trains sur Caen-le Mans-Tours et sur Caen-Rennes par des bus. La mobilisation du collectif citoyen avec les usagers et les élus nous a permis d’éviter le pire.

Il nous parait plus qu’indispensable, dans la période actuelle, de revenir à une entreprise publique intégrée. D’ailleurs, un rapport sénatorial déposé par le groupe CRCE (Communiste, Citoyen et Ecologiste) en s’appuyant sur les conséquences néfastes de la loi Mobilité, demande le retour à un grand service public ferroviaire. Cela parait d’autant plus indispensable pour répondre à l’urgence écologique, si l’on veut construire une réponse globale et ne pas laisser aux seules régions le loin d’agir dans leur coin en fonction d’intérêts divers. C’est une question de cohérence nationale et une approche d’égalité de traitement pour tous les territoires.

Cela vérifie déjà, la SNCF a lancé une opération Ouigo avec des rames corail sur Paris-Nantes et Paris-Lyon avec des tarifs particulièrement attractifs qui rendent le train réellement accessible. Pourquoi n’est-ce pas possible sur notre Région, à l’évidence : parce que Mr Morin a voulu prendre toute la gestion du réseau normand au départ de Paris à son compte et donc, il devient impossible d’appliquer des mesures nationales. N’oublions pas que c’est la région qui définit les tarifs et qui oblige aux réservations, ce qui rend encore plus complexe le maquis existant en terme tarifaire et crée de nouvelles difficultés pour prendre le train.

Notre collectif depuis sa création a fait sienne la nécessité de développer le transport ferroviaire et notamment d’augmenter le nombre de circulations pour répondre aux besoins de tous les usagers. Il n’a pas oublié la nécessité de développer le transport de fret et a réalisé un document qui va être remis à jour pour le transport de produits frais et de produits agricoles par containers spécialisés.

Développer le fret, c’est aussi permettre d’améliorer les recettes, d’optimiser les investissements et donner corps à notre grande revendication de l’électrification du réseau.

Solution indispensable pour réaliser des économies d’énergies, répondre aux exigences environnementales et assurer la continuité territoriale avec les mêmes matériels, contribuant à une plus grande fiabilité des circulations. C’est pour cela que nous pensons qu’il vaut mieux poursuivre l’électrification que de s’orienter vers l’hydrogène, gros consommateur d’électricité, qui nécessite également de gros investissements.

Si la période COVID ne nous a pas permis de nous réunir et de nous rencontrer, pour autant nous n’avons pas délaissé le terrain de l’action face aux suppressions de trains, de guichets et autres remises en cause du service public. Nous avons conduit de multiples initiatives tant sur les marchés que dans les gares qu’auprès des élus. Ce qui a permis de rétablir l’ensemble des circulations sur les trois axes bas normands quand de nombreux trains avaient été supprimés et notamment sur Caen Rennes. Les média ont également joué un rôle essentiel.

Le collectif a également agi pour faire vivre ses propositions et des résultats ont été obtenus sur les trois axes avec des améliorations notables pour les usagers du quotidien. Mais nous ne pouvons nous arrêter là.

Pour développer le bassin sud Manche, nous avons rencontré les Maires de Granville et de Pontorson auxquels nous avons transmis nos propositions par une augmentation significative du nombre de circulations notamment en utilisant la possibilité de développer des Granville-Dol aller et retour avec correspondance de et vers Rennes et d’autres vers Caen.

Pour Caen Tours, nous proposons deux trains de plus dans chaque sens pour répondre aux usagers du quotidien en construisant des horaires adaptés à leurs besoins.

Quant à Paris Granville, nous sommes sur la démarche de construire un sixième aller et retour. Un train toutes les 2 heures le matin au départ de Granville et de même, au départ de Paris le soir. La chambre des notaires a publié un article dans lequel elle annonçait l’augmentation de la population de l’Orne de 30 000 habitants grâce à la desserte de Paris Granville. Ne nous arrêtons donc pas en si bon chemin.

Cependant, la décision prise par Morin de renier sa parole concernant la privatisation des lignes ferroviaires comme l'a évoqué Jean-Baptiste Gastinne, vice président de la Région en charge des transports, lors de l'Assemblée plénière de la Région le 14 mars 2022, dont notamment Paris-Granville, va nous obliger à démultiplier nos actions auprès des usagers, des citoyens et des élus.

Ce qui est surprenant, c’est qu’il est dans une logique d’économies et ne pourra s’engager qu’à faire des cadeaux aux nouveaux entrants puisque nos lignes sont largement déficitaires. Et l’argent qui ira vers le privé se fera au détriment du développement de nouvelles circulations dont les populations de nos territoires ont besoin. Cette privatisation, si elle se fait comme l'a énoncé dernièrement le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, devant les syndicats de cheminots à Caen, se fera obligatoirement en dehors de toute logique de réseau puisque la ligne Paris Granville a trois points de correspondance. Avant tout, c'est un choix idéologique et dogmatique au détriment d’une politique d’ensemble pour répondre à l’urgence climatique et à la cohérence d’une action qui devrait mobiliser toutes les énergies. Ce qui sera loin d’être le cas si la gestion reste dans une logique d’axe. Nous ne manquerons pas de dénoncer ces incohérences et ces choix politique néfastes pour les usagers et les cheminots.

Pour mettre en place des actions et faire vivre nos propositions, lorsque la période sera plus facile du point de vue de la communication, nous relancerons des actions auprès des usagers pour faire vivre notre projet de développement tout en s’opposant à la privatisation et en les appelants à nous soutenir. Nous allons continuer à rencontrer les maires, en souhaitant qu’ils se prononcent également sur tous ces enjeux.

Ce sera également l’occasion de rappeler l’importance de réhumaniser les gares et notamment les guichets. A ce sujet, le collectif soutient la Convergence Nationale Rail qui a attaqué la SNCF au tribunal administratif de Paris.

Maintenant comme avant, il nous faut poursuivre les combats pour répondre à l’ensemble des défis qui nous sont posés.

Philippe Denolle

Président du Collectif citoyen de défense des axes sud Normandie

Pour information vous trouverez ci-dessous le lien vers la séance plénière du Conseil Régional de Normandie du 14 mars 2022, vidéo calée sur l'intervention de Jean-Baptiste Gastinne.

Vous remarquerez la primauté donnée aux axes Paris Rouen Le Havre et Caen Cherbourg, angle qui fait l'impasse sur leur insertion dans l'ensemble que constitue le réseau normand et qui n'empêche pas l'annonce d'un énième plan de transport "adapté" qui se solde par la suppression de circulation précisément sur ces axes.

Enfin d'intervention, la fameuse ouverture à la concurrence est annoncée comme inéluctable, sans que les lignes visées soient précisées.

 

Intervention de Jean-Baptiste Gastinne, vice président de la Région Normandie en charge des transports

Le découpage des interventions de la Région et de la SNCF est sur notre page facebook

C'est dans ce contexte, que les membres du bureaux interviennent dans les comités de territoires convoqués par la Région pour faire entendre notre voix sur la question tarifaire et du développement des circulations.

Ainsi nous avons participé aux comité de territoire du sud Normandie au cours duquel nous avons obtenu de la part de la région la promesse d'une réunion, avec d'autres associations, pour que nos propositions concernant notamment le Sud Manche soient discutées.

Nous participons également aux commissions de travail thématique sur la qualité de service pour les voyageurs. La dernière n'a malheureusement rien donné.

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C
Il serait également temps de revoir la distribution de la gouvernance des trains entre L'Orne et l'Île-de-France pour aboutir à une organisation de desserte du même niveau qu'entre Paris - Chartres - Le Mans. A très court termes, il est indispensable qu'il y ait une offre directe Alençon - Paris via l'Aigle et Dreux, que la desserte Transilienne soit limitée à Houdan afin que le pays de Dreux bénéficie d'une offre cadencée plus rapide au moyen de trains régionaux co-financés par les régions Centre et Normandie. Si tout cela se fait rapidement ce serait déjà un grand pas en avant.
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C'est une ancienne question. La façon de poser les choses uniquement en ces termes oublie la réalité du cabotage sur ces lignes. Améliorer les circulations est une bonne chose, sans oublier d'assurer les circulations au-delà d'Argentan et de les améliorer aussi. Lorsque nous faisons des propositions horaires, nous veillons à ne pénaliser aucune desserte.