17 Juillet 2022
INTRODUCTION : ANALYSE DE LA POLITIQUE FERROVIAIRE ET SITUATION EN NORMANDIE. NOS PROPOSITIONS POUR L'AMELIORATION DES CIRCULATIONS DANS LE SUD NORMANDIE
La période électorale qui vient de s’écouler a permis de révéler les véritables enjeux autour de l’avenir des services publics, même si ce thème n’a pas été totalement au cœur de la campagne. Cela, en regard de la situation liée à la montée de l’extrême droite. D’autres priorités sociales se sont trouvées placées en première ligne, notamment la question du pouvoir d’achat en lien avec la baisse généralisée des revenus pour les salariés et les retraités. Ce qui a déplacé le focus sur l’avenir des services publics qui revient pourtant en boucle, notamment sur la situation de l’Hôpital public qui se trouve dans une crise grave et non résolue, qui pourrait connaitre de nouveaux rebondissements avec le retour d’une nouvelle vague COVID. La santé et le pouvoir d’achat reste une des grandes priorités pour la grande majorité des Français.
Pour autant, la libéralisation à outrance des services publics ces dernières années impacte la vie au quotidien de tous les français. Et comme on peut le constater dans le domaine de l’énergie nous sommes également au bord de la rupture. Ce qui amène à nous interroger sur les choix politiques qui ont été faits concernant les investissements en matière de mix énergétique. Ce qui va nous conduire à une situation inédite. Le choix de financer les véhicules électriques, gros consommateurs d’électricité, s’additionnant à la baisse de production pourrait conduire dès l’automne à des ruptures d’approvisionnement avec des coupures qui ne seraient pas sans incidence sur la vie des ménages, de l’économie et les transports.
Dans ce domaine, la mise en place de la loi LOM n’a apporté aucune solution aux enjeux liés à l’évolution du climat et, encore moins, à la construction de réponse collective pour permettre d’assurer les déplacements en lien avec les besoins de tous les usagers. C’est toujours l’option politique de faire reporter sur les individus le changement de comportement sans pour autant apporter d’alternative tangible, notamment par une amélioration de l’offre des transports collectifs à un prix abordable. La question des financements reste un sujet majeur. La recherche d’économie qui consiste à faire supporter à la fois par les usagers des augmentations déguisées sous prétexte de nouveaux services et la rationalisation des coûts qui consistent à faire également payer la facture au salariés des transports par des suppressions d’emplois ne permet plus d’assurer le minimum de prestations qu’un service public doit à ses usagers.
L’éclatement de l’entreprise en 5 sociétés anonymes a déstructuré le fonctionnement global de l’entreprise SNCF. Cela génère des difficultés internes qui alourdissent les procédures et l’organisation de la maintenance avec des conséquences sur l’ensemble de la production.
Le choix de plusieurs Régions d’ouvrir à la concurrence afin de favoriser des opérateurs privés ne crée pas un climat de confiance pour les cheminots qui ont de plus en plus tendance à quitter l’entreprise. Il en est de même pour les recrutements car l’entreprise ne devient plus attrayante en raison des bas salaires et le manque de perspectives d’avenir.
Le choix de nommer Mme Borne comme Première Ministre est un signal fort que Macron entend donner aux choix politiques futurs quand on sait avec quel acharnement cette dernière a cassé le service public SNCF et s’est attaquée aux droits des chômeurs.
Le plus surprenant dans les objectifs nationaux en matière environnementale, c’est l’absence de décisions concernant la situation dramatique liée au climat en lien avec le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre. L’urgence est à une échéance qui se situe à moins de 3 ans comme point de non-retour.
Aucune action d’envergure nationale pour inverser la tendance à l’exception de quelques mesurettes. Faut-il rappeler que la France a été déjà condamnée deux fois pour son inaction en faveur du climat et par l’absence réelle de réduction des gaz à effet de serre. Les objectifs sont loin des ambitions européennes. Alors qu’il est prévu de réduire de 55% au niveau européen ces émissions d’ici 2030 la France ne prévoit de les baisser que de 40%. Au contraire, de 2020 à 2021, les émissions ont augmenté de 6,4%. Notamment celles liées aux transports qui ont augmenté de 11,5%. Celles concernant les poids lourds ne diminuent pas et restent à un niveau élevé de 33,5 millions de tonnes et celles des véhicules légers ont diminué de 8,6% à un niveau important de 66,4 millions de tonnes. On voit bien que la question du report modal de la route vers le rail reste un sujet d’actualité et que les mesures prises ne sont pas à la hauteur des enjeux pour faire diminuer drastiquement les gaz à effet de serre. Ce qui nécessiterait une politique ambitieuse qui doit reposer sur une stratégie nationale avec des moyens financiers et des investissements en moyens humains et matériels.
C’est loin d’être le chemin emprunté par ce gouvernement. En effet, c’est le contraire qui se produit par un sous-investissement chronique dans les infrastructures ferroviaire qui menace à terme, l’avenir du réseau. Le dernier schéma national qui ne prévoit que 2,8 milliards d’€ par an est totalement insuffisant au regard des besoins de maintenance et de renouvellement, voire de modernisation du réseau dont la moyenne d’âge est de 32 ans. Ces investissements sont cinq fois moins importants qu’en Italie et trois fois moins qu’en Allemagne qui ont des réseaux avec une moyenne d’âge de l’ordre de 17 ans contre 32 ans en France. On sait que Réseau SNCF envisage des ralentissements ou geler certaines installations voire à abandonner certaines lignes avec l’intention de les transférer aux régions avec à terme leur fermeture. A quand la relance du Fret ou la création de nouvelles circulations quand l’avenir du réseau est menacé ?
Comme on peut le constater, il nous faudra mettre en exergue l’ensemble de cette situation pour continuer à exiger le retour à un service public intégré qui doit être accompagné des moyens financiers pour une vraie politique des transports, compatible avec les enjeux écologiques et environnementaux afin de créer une offre adaptée et diversifiée.
Dernièrement le rapport de la défenseure des droits a mis en exergue l’un des sujets pour lequel notre collectif mène de nombreuses actions, celui de l’accès au service public pour tous, en lien avec la disparition des guichets et le recours systématique au numérique qui éloigne une grande partie de la population.
Comme cela est précisé dans le rapport : « Près d’un Français sur quatre exprime le sentiment de vivre dans un territoire délaissé par les pouvoirs publics. Rencontrent aussi des difficultés importantes les personnes âgées - encore souvent éloignées du numérique - les jeunes - moins à l’aise qu’on ne le croit avec l’administration dématérialisée - et les personnes handicapées - qui n’ont toujours pas affaire à des services publics accessibles. Enfin, les démarches numériques apparaissent comme un obstacle parfois insurmontable pour les personnes en situation de précarité sociale. Mais surtout parce que la dématérialisation, telle qu’elle a été conduite jusqu’à présent, s’accompagne d’un report systémique sur l’usager de tâches et de coûts qui incombaient auparavant à l’administration. Mais malgré cela, les travaux récents sur les phénomènes d’exclusion numérique estiment, aujourd’hui comme en 2019, à 13 millions le nombre de personnes en difficulté avec le numérique dans notre pays. Les laissés pour compte de la dématérialisation sont toujours aussi nombreux. »
Points d’arrêt non gérés : les naufragés du rail dématérialisé
« Dans ce contexte, l’absence d’alternative à l’achat de titres dématérialisés entraîne donc des difficultés particulières pour les usagers résidant dans des zones blanches ou grises – et paraît de nature à aggraver des inégalités territoriales préexistantes –, ainsi que pour certains usagers en situation de handicap.
Selon le baromètre numérique Arcep/Credoc 202144, une personne sur 10 n’a pas d’accès à internet, et 35 % de la population rencontre, à un titre ou un autre, des difficultés pour utiliser les outils numériques. »
Ce rapport donne toute légitimité à notre combat et à nos actions pour la réouverture des guichets et à la réhumanisation des gares. Comme vous le savez, Convergence Nationale Rail a lancé une procédure au Tribunal Administratif de Bobigny sur les mêmes bases que le constat de la défenseure des droits et nous sommes en attente des réponses de la SNCF qui ne semble pas très pressée de donner suite à notre requête.
Pour autant nous avons marqué des points car la direction SNCF de Normandie a rouvert le guichet de Verneuil sur Avre le Dimanche, maintenu celui de l’Aigle et amplifié l’offre pour la gare de Flers mais aussi, la réouverture du guichet de la gare d’Argentan le Dimanche de 12h30 à 14H30. Fait sans précédent, ces nouveaux horaires ne sont pas mentionnés dans la gare d’Argentan car cela devient un flexi-guichet. En effet s’il y a du personnel, il est ouvert et s’il y en n’a pas pour raison de congé ou de maladie ; il sera fermé. On aura tout vu !
Reste celui d’Alençon chef-lieu du département avec une zone de population de 50 000 habitants qui est toujours fermé tout le weekend. D’ores et déjà nous envisageons des actions dès la rentrée pour continuer d’exiger l’ouverture de tous les guichets avec des horaires compatibles avec les besoins des usagers.
L’offre ferroviaire diminue dans notre région : suppression de trains sur Paris-le Havre et sur Paris-Caen-Cherbourg et report de la mise en service du Paris le Mont-St-Michel de Mai à Juillet au prétexte de travaux. Mr Morin, depuis son arrivée aux commandes de la Région, s’est, quoi qu’il en dise, toujours situé dans une logique d’économie. Fermetures de guichets, suppressions de trains sur Caen Rennes et Argentan Granville, remplacement des trains par des bus, investissements à minima sur certains axes comme Caen-Rennes (Avranches Pontorson qui ne permet pas aux trains de fret de passer), suppression des contrôleurs sur certaines lignes et rationalisation de l’utilisation du matériel etc. Il faut dire qu’il a sauté à pieds joints dans les choix politiques du gouvernement.
A part quelques actions d’éclat sur un verdissement éventuel de sa politique qui consiste à mettre de l’huile de colza dans les moteurs des Régiolis dont le surcoût, en raison de la flambée des cours, s’avère être un non-sens écologique et finit par être une opération couteuse pour les deniers publics. Le prix du colza a été multiplié par trois en deux ans. Sinon, toujours la même logique continuer à soutenir des projets routiers y compris en les accompagnants par un soutien financier. Le tout, au détriment du développement du rail et de nouvelles circulations pour permettre de répondre aux besoins de tous les usagers. Au contraire, il institue une nouvelle offre qui se traduit par une généralisation de la réservation avec un surcoût pour l’ensemble des usagers. Cela au moment où les prix à la pompe battent des records et impactent sérieusement le pouvoir d’achat.
Aucune stratégie pour encourager à prendre le train ou report des possibilités d’améliorations aux calendes grecques. Pour autant notre collectif va continuer à porter ses propositions qui rencontrent de plus en plus d’écho chez les usagers et les élus avec comme objectif de développer le nombre de trains et rendre ainsi plus facile les déplacements quotidiens domicile-travail ou étude, pour l’activité économique ou les loisirs.
Ce faisant, nous proposons :
La création deux trains supplémentaires le matin et le soir sur Caen-Alençon-le Mans dans les deux sens. Ce qui permettrait un cadencement à la demi-heure,
La création d’un 6ème aller et retour sur Paris Granville,
Le développement de la relation Granville-Caen et Granville-Rennes pour assurer une desserte tous les jours de l’année du Mont St Michel avec le développement des Granville-Dol et Dol-Granville en correspondance avec les Rennes-St Malo, soit 7 allers et retours au lieu de 2 comme actuellement,
La création d’un arrêt à la Haye Pesnel,
La mise en place au service d’été des Granville-St Malo.
C’est la réalité du choix de défendre le droit au train pour tous et permettre le désenclavement et développement des territoires Bas Normand et en particulier du sud Manche.
NOS PROPOSITIONS REMISES A JOUR.
JUILLET 2022
Ces propositions ont été remises à la région à l'occasion d'une réunion d'échanges concernant notamment le sud Manche, laquelle s'est tenue le 12 juillet dernier.
La réponse a été que pour le moment la question pour la Région était la remise en service des trains supprimés sur les lignes Paris Rouen Le Havre et Paris Caen Cherbourg.
PROPOSITIONS POUR PARIS-GRANVILLE
Pour un 6ème aller et retour
PROPOSITIONS CAEN GRANVILLE LE MONT-SAINT-MICHEL RENNES
Irriguer à nouveau le sud Manche et remettre en circulation le Granville Saint-Malo.
RENNES GRANVILLE CAEN
Pour sortir le sud Manche de l'exclusion territoriale
PROPOSITIONS CAEN TOURS
En correspondance d'une part avec Rouen Cherbourg et de l'autre Bordeaux