Ce blog sert de journal à notre collectif citoyen créé à Argentan (Orne) par des cheminots et des usagers pour la défense du service public ferroviaire dans le sud Normandie. Il rend compte des déclarations, des actions de ce collectif auprès de la population et des élus. Il présente aussi des réflexions pour la défense du service public.
10 Février 2024
Le 1er décembre dernier, le syndicat CGT des cheminots de Caen a organisé une table ronde à laquelle ont participé différentes personnalités politiques, député, conseillers régionaux, administrateur des ports de Normandie, conseiller communautaire de Caen la mer, Conseiller Départemental, Maires, membre du CESER, membres de notre collectif citoyen, l’union départementale CGT, élus du CSE SNCF Paris Normandie, associations de défense environnementale, chargeur/industriel.
Suite à cette réunion, le Collectif citoyen de défense des axes Sud Normandie a décidé d’écrire au président de la Région Normandie, au préfet du Calvados et au préfet de Normandie.
Tous les acteurs réunis autour de la table le premier décembre ont été unanimes pour exiger que l’État et la Région, autorités compétentes, réactivent et s’engagent à développer le ferroviaire dans l’agglomération Caennaise, notamment la voie de desserte du port de commerce de Caen (Blainville/Orne).
La voie du port est longue de 7 kms et demande un investissement de 10,12 ou 16 millions, selon les scénarios, pour sa remise en service (Étude réalisée par SYSTRA). Ces travaux peuvent être financés par différentes institutions (dont les fonds européens) et ce chiffrage reste modeste au regard des sommes nécessaires pour la construction de voies routières, qui plus est, contribuent au réchauffement climatique.
Les chargeurs présents sont demandeurs du transport par rail (Eiffage et Agrial) en sachant que d’autres industriels comme RV peuvent être intéressés pour reprendre le rail.
Lorsque l’on parle de la voie de port, n’est-il pas temps de penser au report modal d’une partie du trafic transmanche (Ouistreham) en lien avec le projet Cherbourg/Bayonne ?
L’étoile ferroviaire de Caen passe par la nécessaire réouverture de la ligne Caen Flers, elle aussi indispensable à plus d’un titre, déjà souvent exposés.
Alors que le rail arrive aux portes de la plateforme logistique du groupe Carrefour à Cormelles-Le-Royal (ouverture 2024), c’est le transport routier qui assurera la globalité du trafic sans même qu’une étude n’ait été réalisée pour connaître la part qui pourrait être assurée par le fer. Cette immense structure (76 000 M2) accueillera au minimum 500 camions par jour tout en sachant que nous sommes dans la zone du périphérique de Caen la plus engorgée.
Il est urgent de réagir d’autant que SNCF réseau a programmé la dépose de l’appareil de voie (aiguillage) qui assure le lien entre la voie de Cormelles-Le-Royal et la ligne Cherbourg/Paris.
A quoi peuvent bien servir les recommandations du GIEC et de tant d’autres institutions gouvernementales ? A part de fausses bonnes solutions inspirées du greenwashing, pour satisfaire leurs propres intérêts économiques, ces mêmes décideurs s’opposent à de réels actes concrets.
Alors que s’élabore le futur contrat de plan CPER Etat-Région dans la plus grande discrétion, voilà des éléments qui devraient être pris en compte pour atteindre les objectifs de doublement du transport par Fer en 2030 et la neutralité carbone en 2050.
Toutes les statistiques le démontrent, le rail est de loin plus vertueux, sécuritaire, économe en énergie et consomme moins d’espaces que la route. Le train est un outil indispensable à l’aménagement du territoire et sa création a permis l’accession de notre nation au modernisme. Aujourd’hui, le constat est là, sa disparition en de nombreux endroits sur l’hexagone a créé des déserts ruraux et un appauvrissement du tissu économique. La reconstruction de voies dédiées au rail s’impose et la remise en service de lignes existantes rentre également dans l’objectif gouvernemental de zéro artificialisation des sols.
Le trafic routier autour et dans Caen est saturé.
C’est pour ces raisons qu’il y a également nécessité d’abandonner les bus pour revenir à une desserte totalement ferroviaire sur Caen-Alençon-le Mans et Caen-Rennes.
Nous demandons expressément la relance du ferroviaire tant « voyageurs » que fret avec l’idée que l’ouverture à la concurrence est source de profits pour certains opérateurs au détriment du service public et de l’intérêt général.
Pourquoi pas un grand débat public qui se voudrait l’expression des besoins des usagers, des collectivités locales, des associations d’usagers, des représentants du monde du travail et des chargeurs. Le GIEC normand pourrait servir de référence pour fixer les objectifs à atteindre.
La question est clairement posée au président de région et représentants de l’état sur le territoire : quelles sont les réponses que vous comptez apporter à ces demandes fortes de développement du transport ferroviaire qui répond aux préoccupations de nos concitoyens mais aussi aux enjeux écologiques?
Le 9 février 2024